Histoire de la Colline du Parlement

Découvrez les événements qui ont conduit à la transformation d'une falaise de calcaire isolée, située au centre d'une petite ville de coupe de bois, en l'un des points d'intérêt les plus trépidants de la capitale nationale.

Ligne du temps

Avant la construction (1826 à 1858)

Voir image agrandie des écluses du canal Rideau et Barrack Hill, vers 1832
  • En 1826, le lieutenant-colonel John By, des Royal Engineers, entreprend la conception et la construction du canal Rideau. Cette voie navigable permettra de relier la rivière des Outaouais, dans le nord, au lac Ontario, dans le sud. Le canal constituera également une route de navigation sécuritaire entre les villes de Montréal, au Québec, et de Kingston, en Ontario. On donne le nom de « Bytown » au poste nord du canal.
  • Le 1er janvier 1855, la ville de Bytown est officiellement constituée, puis renommée Ottawa. Elle compte près de 7 800 habitants et est située à la frontière du Canada anglais et du Canada français. Quatorze ans plus tôt, le Haut-Canada et le Bas-Canada s'étaient unifiés pour former la Province unie du Canada.
  • Le 31 décembre 1857, on demande à la reine Victoria de choisir l'emplacement permanent de la capitale de la Province unie du Canada. À cette époque, Toronto et Québec se partageaient le titre de capitale en alternance tous les quatre ans. La Reine choisit Ottawa, car en plus de se trouver loin de la frontière américaine, cette ville est située sur une falaise, et il est donc plus facile de la défendre contre d'éventuelles attaques.
  • Le 17 février 1858, Ottawa devient officiellement la capitale de la Province unie du Canada. La nouvelle assemblée législative permanente sera érigée sur un terrain de 25 acres situé au sommet d'une falaise de calcaire à l'inclinaison légère, laquelle se trouve au centre de la ville et surplombe la majestueuse rivière des Outaouais. On appellera cette falaise la « Colline ». Les nouveaux édifices du Parlement comprendront deux chambres législatives et 170 bureaux. Ils comporteront également une galerie de peintures, une bibliothèque, 85 salles consacrées aux comités, des salles de lecture, des salles réservées aux greffiers et un appartement pour le président. Les dimensions totales sont estimées à 10 200 mètres carrés.
  • Le 7 mai 1859, le ministère des Travaux publics du gouvernement fédéral organise un concours réservé aux architectes afin que ceux-ci présentent leurs concepts pour l'édifice du Centre, la résidence du gouverneur et deux immeubles gérés par le Ministère. Ces deux immeubles, que l'on appelle « édifices de l'Est et de l'Ouest », constitueront les nouveaux édifices du Parlement. Au total, 298 propositions sont soumises.
  • Le 29 août 1859, on annonce les concepts gagnants. Thomas Fuller et Chilion Jones remportent le premier prix pour la conception de l'édifice du Centre. Pour ce qui est des édifices de l'Est et de l'Ouest, ce sont Thomas Stent et Augustus Laver qui décrochent la première place.

La construction et l'agrandissement (1859 à 1916)

Voir image agrandie de l’édifice du Centre en construction
Voir image agrandie de l'édifice du Centre d'origine du Parlement, vers 1914
  • Le 20 décembre 1859, on entreprend les travaux d'excavation en vue de la construction des nouveaux édifices du Parlement. L'année suivante, les premières pierres, faites de grès de la formation de Nepean extrait localement, sont posées au printemps. Pour les toits, on utilise du grès rouge et de la pierre de taille grise de l'Ohio, ainsi que de l'ardoise grise et verte.
  • Le 1er septembre 1860, le roi Édouard VII, qui était alors prince de Galles, se rend à Ottawa en grande pompe afin de poser la pierre angulaire de la nouvelle assemblée législative. Cette pierre, sur laquelle sont gravés les noms des concepteurs et des dignitaires, est faite de marbre blanc.
  • Au début de l'année 1861, le Ministère annonce que le coût du projet est deux fois et demie supérieur au coût prévu, et on met un terme au projet en septembre. En juin 1862, une commission d'enquête se penche sur les problèmes de gestion liés au projet. Les travaux de construction reprennent l'année suivante.
  • Le 1er juillet 1867 marque la constitution du Dominion du Canada. Encore en construction, les édifices du Parlement d'Ottawa deviendront le siège du gouvernement des quatre provinces : l'Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Le 6 novembre 1867, on inaugure la première session du Parlement.
  • À compter de 1870, le Manitoba, les Territoires du Nord-Ouest (maintenant l'Alberta, la Saskatchewan, le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut), la Colombie-Britannique et Île-du-Prince-Édouard font eux aussi partie du Canada. Les édifices du Parlement, que l'on croyait trop grands autrefois pour un pays si peu peuplé, sont soudain jugés trop petits. Afin de répondre aux besoins grandissants du Parlement, on érige l'édifice Langevin sur la rue Wellington, en face de la Colline du Parlement. Cet édifice est le premier édifice administratif construit ailleurs que sur la Colline.
  • En 1876, on achève la construction de la Bibliothèque du Parlement et l'aménagement des terrains. Plus tard cette année-là, la Porte de la reine, faite en fer, sera érigée à l'entrée principale de la Colline du Parlement. Moins de 20 ans après le début des travaux, la construction des édifices de la Colline du Parlement est achevée. Ces édifices constituent l'un des exemples les plus remarquables de l'architecture néogothique de l'Empire britannique.
  • En 1905, la Saskatchewan et l'Alberta entrent dans la Confédération. De 1906 à 1914, des annexes sont ajoutées aux trois édifices de la Colline du Parlement. La Monnaie royale canadienne, les Archives publiques du Canada et le musée national sont installés dans de nouveaux édifices qui ne se trouvent pas sur la Colline. L'influence exercée par la Colline du Parlement commençait à transformer le caractère de la jeune capitale.

L'incendie de 1916

Voir image agrandie de l'édifice du Centre en proie aux flammes
  • Le 3 février 1916 à 20 h 37, au cours d'une séance de la Chambre des communes, un incendie se déclare dans l'édifice du Centre.
  • Un homme se trouvant dans la salle de lecture constate que quelque chose a pris feu et en fait part à un greffier, mais il est déjà trop tard. En quelques minutes, le feu se répand dans les couloirs.
  • La plupart des gens parviennent à sortir de l'édifice en rampant ou en formant des chaînes humaines à travers l'épaisse fumée. À mesure que l'incendie s'attise, certaines parties de l'édifice commencent à s'effondrer.
  • Peu de temps après le coup de minuit, la cloche de la tour Victoria s'effondre. En raison d'un vent violent, le feu se propage au Sénat.
  • Le service d'incendie travaille toute la nuit pour maîtriser l'incendie.
  • Le premier ministre Robert Borden et son cabinet, ayant échappés à l'incendie, se réunissent au Château Laurier afin d'établir un plan en toute hâte. Une assemblée législative temporaire doit être instituée en attendant que l'édifice du Centre puisse être reconstruit. La guerre fait rage et le peuple a besoin de savoir que ses dirigeants vont de l'avant.
  • Le lendemain, le soleil se lève sur un spectacle désolant : on peut voir de hautes piles de meubles brisés. Toujours en proie aux flammes, les décombres de l'édifice du Centre sont couverts de glace. La Bibliothèque a été épargnée grâce à la prévoyance du bibliothécaire Alpheus Todd et de la commis « Connie » MacCormac. M. Todd avait insisté pour que l'architecte conçoive des portes coupe-feu en fer, et Mme MacCormac avait donné l'ordre de fermer les portes avant de procéder à l'évacuation. Malheureusement, l'incendie a tout de même fait sept victimes.
  • On choisit le Musée commémoratif Victoria (aujourd'hui le Musée canadien de la nature), dont la construction vient tout juste d'être achevée, pour abriter temporairement l'édifice du Parlement.

La reconstruction (1916 à 1920)

Voir image agrandie de l'édifice du Centre et la tour de la Paix en construction (avril 1922)
  • Le 1er septembre 1916, le prince Arthur, duc de Connaught, place la pierre angulaire d'origine, celle qui avait été récupérée dans les décombres. Ce faisant, il suit les traces de son grand-père, le prince de Galles, qui a posé la pierre angulaire de l'édifice du Centre d'origine. Une équipe d'architectes crée un nouveau modèle qui, bien que similaire à la pierre d'origine, est conçu au moyen de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux. Le nouvel édifice du Centre sera également plus grand que l'original et aura un étage complet de plus. Afin d'éviter qu'une autre tragédie survienne, plutôt que d'utiliser du bois, on construit les murs intérieurs en calcaire et les planchers, en marbre. En outre, les couloirs sont disposés de façon plus logique afin de fournir un accès plus aisé aux sorties. La charpente extérieure est construite en acier et couverte du même grès de la formation de Nepean que l'on a utilisé dans le cadre de la construction des édifices d'origine. Comme la guerre sévit toujours, les matériaux et les travailleurs disponibles se font rares et coûtent cher, ce qui ralentit la construction.
  • Bien qu'inachevé, le nouvel édifice ouvre ses portes dans le cadre d'une grande cérémonie organisée le 26 février 1920, seulement quatre ans après l'incendie. Les soldats canadiens étaient revenus au pays et, malgré les pertes importantes, ils étaient emplis de cette immense fierté que la victoire inspire. De plus, le Canada a su gagner le respect de ses alliés, dont l'influence était nettement plus considérable que la sienne, et se tailla une place sur la scène mondiale en participant aux négociations relatives au traité de Versailles. Symbole puissant, le nouvel édifice est resté gravé dans l'histoire de notre jeune nation en tant que phare de notre optimisme collectif de l'après-guerre.

Le Parlement au 20e siècle (1921 à 2001)

Voir image agrandie des célébrations du Jubilé sur la Colline du Parlement, le 1er juillet 1927
  • Le 1er juillet 1927, le vicomte Willingdon, gouverneur général du Canada, inaugure la nouvelle tour de la Paix dans le cadre du 60e anniversaire de la Confédération et du jubilé de diamant. Il procède également à l'inauguration du carillon, dont les cloches sonnent pour la toute première fois. Auparavant, le premier ministre William Lyon Mackenzie King avait jugé que la tour de la Paix serait le monument approprié pour honorer la mémoire des soldats canadiens morts pendant la guerre. Le discours que M. King prononce ce jour-là est radiodiffusé partout au pays et constitue un engagement ferme et émouvant envers la paix.
  • En 1952, un court-circuit électrique dans la toiture de la Bibliothèque provoque un deuxième incendie. La Bibliothèque est presque détruite et le feu ravage les souvenirs et les archives d'une jeune nation. Les pompiers tentent désespérément d'atteindre les flammes en pratiquant une ouverture dans le toit en métal de la coupole et en y versant de l'eau. Bien que l'incendie soit maîtrisé, l'eau abîme l'intérieur de la Bibliothèque et bon nombre de ses collections. Les événements suscitent un débat sur la construction d'une bibliothèque plus grande et plus fonctionnelle sur la Colline. Le ministère des Travaux publics réalise même de nouvelles esquisses. Cependant, aucune n'est jugée adéquate, et donc, la bibliothèque existante est réhabilitée. Un nouvel édifice (celui qu'occupe aujourd'hui Bibliothèque et Archives Canada) est construit quelques années plus tard à l'ouest de la Colline afin d'abriter la Bibliothèque nationale et de désengorger l'ancienne bibliothèque.
  • En 1955, on démolit le vieil édifice de la Cour suprême construit en 1889 et qui succombait à l'usure du temps. La quête d'autres locaux à bureaux sur la Colline se poursuit. En 1961, on entreprend des discussions sérieuses sur le remplacement des édifices de l'Est et de l'Ouest par des immeubles à bureaux modernes. Au milieu du 20e siècle, l'architecture moderniste, caractérisée par la simplicité et la fonctionnalité, gagne en popularité. Le public considère alors comme désuète l'architecture d'avant-guerre des édifices existants. Toutefois, aucun projet de démolition n'est mis à exécution. On entreprend plutôt la rénovation de l'intérieur de l'édifice de l'Ouest, dont les anciennes salles de style victorien sont remplacées par des bureaux modernes.
  • En 1976, les terrains publics sur lesquels sont érigés les édifices du Parlement sont désignés lieu historique national du Canada.

La réhabilitation (de 2002 à aujourd'hui)

  • L'année 2002 marque le début d'un grand programme visant la réhabilitation de la Cité parlementaire. Projets de restauration, de renouvellement et de modernisation de la Cité parlementaire.

Renseignements supplémentaires

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