Questions et réponses de Services publics et Approvisionnement Canada sur les punaises de lit

Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) s’engage à offrir des milieux de travail sécuritaires et productifs aux occupants de plus de 1 500 établissements partout au Canada.

Récemment, la présence de punaises de lit dans un petit pourcentage d’édifices gérés par SPAC a été confirmée, ce qui a suscité une attention importante de la part des médias. Dans chacun de ces cas, le plan d’action de lutte antiparasitaire de SPAC a donné lieu à des mesures pour remédier à la situation.

Les punaises de lit sont visibles à l’œil nu et sont semblables en taille et en apparence à des pépins de pomme. On les trouve le plus souvent dans des coutures, des fissures et des crevasses autour de lits, de canapés ou de chaises. 

La création et le maintien d’un milieu de travail exempt de parasites sont une responsabilité collective. Afin d’accroître le niveau d’éducation et de sensibilisation par rapport aux punaises de lit dans le milieu de travail, SPAC a fait appel au docteur Murray Isman, expert en entomologie, qui répondra aux questions fréquemment posées suivantes :

  1. Quelle est l’histoire des punaises de lit au Canada?
    Il existe probablement des punaises de lit au pays depuis qu’il est habité par des humains. À la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’utilisation d’insecticides chimiques dans la lutte antiparasitaire dans les régions urbaines a entraîné des diminutions radicales de l’incidence de ces parasites, de sorte qu’ils sont en fait devenus très rares dans la plupart des villes canadiennes entre le milieu des années 1960 et la fin du 20e siècle. À partir de l’an 2000 environ, le nombre de cas signalés de présence de punaises de lit en milieu urbain a augmenté de manière spectaculaire, et la réapparition de ces insectes nuisibles a été reconnue comme un problème important par les entomologistes et les experts en lutte antiparasitaire vers l’année 2003. Bien que les stéréotypes les associent souvent aux zones résidentielles très peuplées où le nombre de migrants et de résidents de passage est élevé et le niveau d’hygiène est inférieur à la moyenne, ils sont également réapparus dans les hôtels (même les plus chers et huppés) et de nombreux autres endroits qui accueillent quotidiennement un grand nombre de clients différents – les bibliothèques publiques, les hôpitaux, les immeubles de bureaux, les cinémas, les avions de passagers, les trains, les paquebots, etc. Il n’existe pas de lien direct entre l’insalubrité et la présence de punaises de lit.
  2. Les punaises de lit présentent-elles un risque pour la santé?
    Non, contrairement à nombre d’autres anthropoïdes suceurs de sang (moustiques, tiques, phlébotomes), les punaises de lit ne transmettent aucune maladie pathogène aux humains à notre connaissance. Cependant, tout comme celles des moustiques, les piqûres des punaises de lit peuvent entraîner une gamme d’effets sur les humains, allant d’une absence complète de toute réaction perceptible à des pustules enflammées et irritantes. Les personnes qui se font mordre régulièrement par des punaises de lit peuvent développer une sensibilité allergique à leurs piqûres. Pour la plupart des gens, les piqûres des punaises de lit ne présentent pas un problème de santé important, cependant, la crainte des punaises de lit ou le risque de se faire mordre peuvent être des sources d’anxiété grave et d’insomnie chez certaines personnes.
  3. Comment éviter les infestations de punaises de lit?
    Les punaises de lit ne peuvent ni voler ni sauter. Leur seul moyen d’envahir un nouvel environnement est de se faire accidentellement transporter par un humain. Contrairement aux poux, elles ne grimpent sur les humains que pour se nourrir (ce qui leur prend de 10 à 15 minutes), et ne se trouvent pas sur le corps humain en dehors de leurs repas. Elles sont plutôt transportées dans nos effets personnels : valises, sacs à dos, sacs à main et vêtements pliés. Le meilleur moyen d’éviter de transporter des punaises de lit est d’éviter de placer ces objets là où des punaises pourraient se cacher.
  4. Les immeubles de bureaux sont-ils des endroits idéaux pour la reproduction des punaises de lit?
    Non, les immeubles de bureaux ne sont pas des endroits idéaux pour les punaises de lit. Ces insectes se nourrissent principalement la nuit, et non seulement doivent-ils se nourrir de sang pour pondre des œufs, mais chaque larve doit à son tour se nourrir de sang pour pouvoir passer au stade adulte. Si l’introduction dans un bâtiment de nouvelles punaises d’autres sources est contrôlée, la croissance de la population dépendra du nombre de punaises adultes ainsi que du nombre d’hôtes disponibles. Si le nombre de punaises adultes est peu élevé et/ou si elles disposent de peu de chances de mordre des humains, la croissance de la population de punaises sera très lente.
  5. Qu’entend-on par le terme « infestation »?
    Le terme « infestation » signifie un « envahissement d’un milieu par des animaux ou des plantes nuisibles ». D’après un expert américain important en lutte antiparasitaire, pour de nombreuses personnes, le terme « infestation » (en anglais) laisse entendre que les parasites sont présents en grand nombre et que leur population se reproduit et se multiplie, ce qui n’est pas typiquement le cas dans les bureaux, et que le terme devrait être utilisé en modération. Si la fréquence des observations de punaises de lit ou le nombre de personnes qui les aperçoivent augmente manifestement au fil du temps – et ce, en prenant en compte le fait que les membres du personnel prendront plus conscience de ces insectes après les premiers signalements – il pourrait être raisonnable d’utiliser le terme « infestation ». Cependant, la situation dans les bureaux est différente de celle dans les hôtels ou les dortoirs, où le nombre d’insectes augmente rapidement en raison de leur capacité à se nourrir fréquemment de sang humain, ce qui leur permet de se reproduire. Dans notre contexte, une définition plus exacte du terme « infestation » serait « une population d’animaux nuisibles suffisamment importante pour justifier la prise de mesures particulières visant à éliminer ou à réduire cette population. »

    Jusqu’à présent, les signalements de punaises de lits dans les bureaux de SPAC traitaient plutôt d’une « présence » de parasites que d’infestations.
  6. Quels sont les moyens de combattre les punaises de lit?
    Il faut d’abord vérifier l’ampleur de l’infestation en surveillant les pièges à punaises et/ou en faisant effectuer une inspection par un chien spécialement entraîné. Le choix des mesures nécessaires pour contrer l’infestation devrait être laissé aux professionnels de la lutte antiparasitaire détenant de l’expérience d’élimination de ces insectes nuisibles. Les infestations de petite envergure peuvent être contrées en passant l’aspirateur ainsi qu’un nettoyeur à vapeur dans les zones recelant des punaises et en traitant ces zones avec des produits chimiques ou non chimiques. Les infestations sérieuses pourraient nécessiter l’utilisation d’un insecticide autorisé.
  7. Lorsque des punaises de lit se retrouvent sur un étage donné ou dans une zone isolée d’un bâtiment, recommanderiez-vous de réaliser une fumigation ou un traitement chimique dans l’immeuble entier?
    Non, une méthode plus nuancée et rigoureuse sur le plan scientifique serait de réaliser le traitement dans la zone de l’immeuble où la présence de punaises de lit a été confirmée, puis de surveiller étroitement les étages et les segments avoisinants. Bien qu’il soit vrai que les punaises de lit peuvent se propager dans un immeuble et que leur déplacement d’une salle à l’autre peut être exacerbé par un traitement antiparasitaire à l’aide de pesticides, il n’est jamais recommandé de faire fumiger un immeuble entier, sauf dans les cas où la présence d’une infestation sévère disséminée dans l’immeuble entier est prouvée. Dans certains cas, les populations de punaises de lit peuvent connaître une croissance importante en l’absence de mesures de contrôle. Cependant, ce risque est peu élevé dans l’environnement d’un immeuble de bureaux.
  8. Recommanderiez-vous d’appliquer un traitement chimique à un immeuble en guise de mesure de prévention?
    Non, il n’est jamais une bonne idée d’effectuer un traitement chimique à titre de prévention. Le traitement aux insecticides et la fumigation présentent leurs propres risques pour la santé et le meilleur moyen de les atténuer est de diminuer l’exposition à ces substances. Dans cette perspective, il n’y a guère de raison d’appliquer un traitement chimique aux zones où les punaises de lit n’ont pas encore été repérées. Le principe central des méthodes modernes de lutte antiparasitaire est de faire appel aux produits chimiques (ou aux autres traitements) de manière judicieuse et à titre de dernier recours, et uniquement dans les cas où la surveillance confirme la présence de parasites et la nécessité de prendre des mesures d’atténuation des risques.
  9. Serait-il utile de faire effectuer de façon proactive des inspections canines pour vérifier la présence de punaises de lit dans tous les immeubles détenus par le gouvernement fédéral au Canada?
    Non, les inspections canines ne seront pas effectuées de manière proactive. Elles seraient trop dispendieuses, prendraient trop de temps, et risqueraient de détourner l’attention d’autres enjeux plus importants relatifs à la santé en milieu de travail. Il faut soupeser le coût de la mesure par rapport à la probabilité de repérer des punaises de lit et l’importance des effets de leur présence sur les employés. Puisque les punaises de lit pénètrent dans de nouveaux environnements dans les effets personnels humains comme les valises, les sacs à dos et les sacs à main, l’utilité des inspections canines proactives est limitée, car leurs résultats cessent d’être pertinents aussitôt qu’une nouvelle punaise se fait introduire. Et puisque la fréquence des punaises de lit dans les immeubles de bureaux varie considérablement d’une région du pays à l’autre, il vaut mieux que les mesures visant à les combattre demeurent « fondées sur les plaintes ».
  10. Existe-t-il des préoccupations relatives au retour des employés au travail à la suite d’un traitement chimique avant qu’une inspection de suivi soit réalisée?
    Non, le retour des employés au travail à la suite du traitement initial est une norme de l’industrie, et bien que le traitement aux insecticides chimiques permette rarement d’éliminer 100 % de la population de l’insecte nuisible en question – que ce soit dans un environnement urbain ou agricole – il permet tout de même de diminuer considérablement le risque.
  11. L’élimination totale des punaises de lit dans nos immeubles fédéraux est-elle possible?
    Dans un environnement physique complexe tel qu’un immeuble de bureaux, il est souvent difficile d’éliminer complètement les punaises de lit, puisqu’il y a trop de places où elles peuvent se cacher et il est presque impossible de toutes les atteindre, même à l’aide de la fumigation. Il en est de même pour le nettoyage à l’aspirateur et le nettoyage à la vapeur. Cependant, l’utilisation d’un insecticide (chimique ou minéral) à effet durable, appliqué correctement et minutieusement par un professionnel peut permettre de réduire les populations de punaises de lit à un niveau où ces insectes ne sont aperçus que rarement, voire jamais. La réussite de tels traitements est plus probable dans les zones où la population d’insectes nuisibles est déjà petite avant le début du traitement. Et elle ne peut continuer que si la réintroduction de punaises d’autres sources dans l’immeuble est efficacement endiguée.
  12. Quelles mesures le gouvernement fédéral peut-il prendre pour contrôler la présence de punaises de lit?
    Le gouvernement du Canada prend toutes les mesures appropriées conformes aux pratiques de lutte antiparasitaire professionnelle employées dans les autres grands pays pour maîtriser ce problème dans ses immeubles. Puisque nous savons que les punaises de lit pénètrent dans de nouveaux environnements en se faisant transporter dans les effets personnels ou les vêtements des employés et des clients, la réussite à long terme du traitement de ce problème nécessitera la coopération de l’employeur avec ses employés. Des communications précises et concises sur le sujet destinées aux employés et la sensibilisation de ceux-ci concernant leur rôle potentiel dans la résolution du problème devraient être des éléments clés du plan.
  13. Y a-t-il des facteurs qui rendent certains bureaux ou certaines maisons plus susceptibles de se faire envahir par les punaises de lit?
    Il existe 2 facteurs qui peuvent accroître le risque que des punaises de lit s’établissent dans un lieu. Le premier est le changement rapide des occupants du lieu, qu’ils soient des employés ou des clients. Si un lieu accueille un grand volume d’occupants différents, il existe un risque important que certains d’entre eux y amènent des punaises de lit de sources externes (maisons, appartements, hôtels). Voilà pourquoi les hôtels, les dortoirs, les hôpitaux et les paquebots sont particulièrement vulnérables aux infestations de ces insectes. Le deuxième est plutôt associé à l’environnement de travail ou de vie. Les punaises de lit ont besoin d’endroits où s’abriter lorsqu’elles ne sont pas en train de chercher un hôte ou de se nourrir; c’est dans ces abris qu’elles passent environ de 90 à 95 % de leur temps. Ce sont leurs cachettes. Un espace encombré présentant de nombreuses surfaces molles offre aux punaises de nombreux endroits où elles peuvent se cacher en dehors de leurs périodes d’alimentation. L’élimination d’objets indésirables, notamment à proximité des endroits où les humains sont à risque de se faire piquer (à la maison, il s’agirait des environs immédiats d’un lit, tandis qu’au travail, ce serait plutôt la zone entourant le bureau ou le divan dans un salon ou une salle à manger) complique pour les punaises de lit la tâche de s’approcher d’un hôte sans se faire remarquer.
  14. Nous savons que les punaises ne transmettent pas de maladies et ne posent pas un risque sévère pour la santé, mais nous reconnaissons tout de même leur effet sur l’état mental des employés. Avez-vous des conseils pour gérer leurs craintes?
    Certaines personnes sont physiquement hypersensibles aux piqûres des punaises de lit, tandis que d’autres peuvent ressentir une crainte particulièrement aiguë des morsures de punaises de lit, qui pourrait sembler irrationnelle aux autres. Il est important, selon moi, de reconnaître cette dernière (la peur des punaises de lit) et de faire preuve de patience avec les personnes qui en souffrent. Une des possibilités est de déménager le poste de travail d’un employé à une zone du bureau où des punaises de lit n’ont pas été aperçues, à condition qu’un tel déplacement n’entrave pas la productivité de l’employé. Dans l’ensemble, je pense qu’en éduquant les employés sur les punaises de lit, il est possible d’atténuer leurs craintes et leurs inquiétudes à ce sujet.

    Les employés qui ont besoin d’aide devraient en parler à leur gestionnaire ou communiquer avec le Programme d’aide aux employés de leur ministère.
  15. Comment peut-on contrer la stigmatisation sociale associée aux punaises de lit?
    Il faut stresser le fait que les punaises de lit peuvent apparaître n’importe où – leur présence n’est pas simplement une conséquence d’une mauvaise hygiène. Elles envahissent des hôtels 5 étoiles, des paquebots et des dortoirs tout neufs et bien aménagés dans les meilleures universités et écoles privées du pays. Elles ne sont pas plus associées à de mauvaises conditions d’hygiène que les moustiques qui piquent les personnes qui mangent en plein air sur les terrasses des restaurants les plus chics! Contrairement à d’autres insectes nuisibles vivant dans les maisons – notamment les cafards – elles ne mangent ni notre nourriture ni nos détritus, et ne transmettent pas de maladies aux humains – que ce soit directement par leur piqûre ou par contact avec notre nourriture. Les punaises de lit ont évolué de manière à prospérer là où les humains vivent ou passent du temps. Nous ne les aimons pas, bien entendu, mais nous devons être réalistes par rapport à notre partage du monde avec les autres organismes vivants. Il existe des entités bien pires dans le monde que nous ne pouvons simplement pas voir. L’éducation est la clé de la réduction du stigmate social associé aux punaises de lit.
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